Les éditions Folies d’encre sont nées au sein de la librairie du même nom, crée en 1981, à Montreuil. Cette librairie fut, pendant longtemps, la seule librairie indépendante du 93. Comme le libraire ne venait pas du « sérail », il ne percevait pas de distinction fondamentale entre les métiers d’éditeur et de libraire: découvrir et faire découvrir, s’engager et s’émouvoir. Bien sûr, les pratiques sont différentes, mais le désir est identique.
Laissons à une consœur éditrice (et non des moindres) commenter la volonté et l’obstination d’éditer:
Non content de s’être lancé dans une activité casse-cou, libraire, il a décidé de s’adjoindre une seconde activité de loser, éditeur. Liana Levi
Et voici ce qu’énonce un confrère, libraire (et non des moindres):
Au détour de quelques lectures, d’une discussion dans les rues de Montreuil, et de la revendication d’un libraire-éditeur à faire œuvre de littérature, il semble que Folies d’encre propose un air un peu différent. Celui que l’on respire quand on fait un pas de côté, qui nous fait voir des choses déjà connues, avec une perspective plus souriante, et des poumons moins oppressés.
Une découverte de ce que l’on n’a pas bien vu sous notre nez, comme une douce réparation de la presbytie qui nous guette tous, l’offre de petites choses qui se promènent dans nos têtes, sans qu’on les saisisse tout à fait. Qui deviennent palpables sans que l’on sache très bien pourquoi on les touche du bout des doigts. Et puis c’est aussi une littérature dont on peut goûter la subtilité, qui peut tout autant parler de violence et de souffrance, que de rire et de légèreté, mais toujours en mêlant à une émotion forte la douceur d’une autre possibilité plus douce, ou tempérer la joie de la fragilité qui l’accompagne. C’est du temps qui passe.
Il n’y a pas de caricature, il y a toujours des personnages. Ils ont une histoire, ils sont toujours étonnants, mais très proches. On ne s’éloigne pas de leurs mots : ils nous accompagnent. Et même, ils nous accompagnaient déjà, on ne le savait pas trop. C’est l’action qui porte la narration, sans tricher, ce sont des faits, ils ouvrent la porte de l’intérieur, sans forcer.
De quelques lectures, on arrive très vite à un ton qui est celui d’une intimité, sans nombrilisme, en forme de politique éditoriale. Des rues de Montreuil, on passe à la rue de tout le monde, aux routes ou aux chemins de campagne, aux croisements de tout le monde. D’ un tout le monde regardé par des auteurs qui ont fait, sur ces lieux de passage, de ce pas de côté, un changement de tonalité.
Folies d’encres, c’est de la littérature sensible.
Olivier Lhostis Librairie l’Esperluète ( Chartres )
Plus d’une centaine de titres, des perles rares et uniques (Les Bouffons du roi d’Avigdor Dagan, La Sentence de Rose Meller, Au bord de la ligne de Paulo Rodrigues, Souviens toi, Leah ! de Yaël Hassan, Vienna d’ Eva Menasse, Balut de I. Rabon), une fidélité accomplie à des auteurs (Moacyr Scliar, Alain Gluckstein, Pierre Tartakowsky, Mauricio Rosencof), des rééditions inéluctables (Dark Hazard de W.R.Burnett, Notre assassin de Joseph Roth, les romans de Henryk Grynberg), l’humour (Jean-Bernard Pouy, Gille Ascaride, Les Bonnes recettes choisies de la cuisine Yiddish de Mamie Goldé, Les Réponses d’un maître de Cyrille Fleischman), des polars ( Marc Villard, William Riley Burnett), des romans engagés (Les Lettres qui ne sont jamais arrivées, Derrière les grilles de Pulditch, Vents forcenés, Mise en pièces), quelques beaux livres (Nicole Claveloux)… et tant d’autres.