Les Réponses d’un maître

Les Réponses d’un maître

Pas question ici de ces bourgades et de ces lieux rendus inoubliables par les aînés (Singer), ou de vieux convois de wagons (des «traîne-savates») surpeuplés de voyageurs incapables de garder longtemps pour eux les innombrables secrets de leurs pauvres vies vouées à l’errance, de ces figures chimériques parties pour faire for-tune ailleurs : avec Fleischman, rien que de bons petits Juifs parisiens presque comme il faut…Au fil de ces nouvelles, toujours courtes, il livre de petits instantanés de vie où le dérisoire et l’humour font toujours bon ménage, et où l’improbable devient réalité.

À propos

Cyrille Fleischman, le nouvelliste dilettante, est décédé le 15 juillet. Depuis dix ans, cet ex-avocat matait la maladie avec un humour féroce. Ses livres évoquaient avec tendresse et piquant les petites gens du quartier juif de Paris. Il y était né en 1941.

Cyrille Fleischman croquait dans ses nouvelles les petites gens, ceux qui ne s’aventuraient guère loin du quartier juif de Paris. Artisans, petits commerçants, filles à marier, piètres fils, pères rasants et mères possessives, tous, sous sa plume tendre et ironique, nous devenaient familiers, des cousins perdus de vue et retrouvés le temps d’un voyage en métro, le temps d’une valse. Un tantinet rétro, il écrivait pour s’amuser, donner vie à des existences de rien. Cyrille Fleischman, de temps à autres, m’envoyait un petit mail, pour dire bonjour, ou bonnes vacances… Parler lectures, du temps qu’il fait.Je n’ai rencontré qu’une seule fois Cyrille Fleischman. C’était lors d’un Salon du livre de Paris à la porte de Versailles, il y a belle lurette. J’ai vu un monsieur me tendre une main et me dire : « Je suis M. Propre ! Je ne vous dérange pas plus ! Je voulais juste vous saluer ! » Et hop, il est parti. C’est ainsi que Cyrille Fleischman se désignait… M. Propre !Il se trouvait une ressemblance avec le super gars sur les bouteilles de détergent : pas pour les biceps, non, mais pour le crâne chauve (résultat de traitement…) Humour toujours. Chacun de ses messages se terminait par :« Vive la vie ! »

Martine Laval, Télérama


De sa naissance à Paris, en février 1941, Cyrille Fleischman, mort à Paris, le 15 juillet, disait seulement que ce n’était pas une période très faste pour un petit garçon juif. Devenu avocat, il a commencé à écrire assez tard, publiant son premier recueil de nouvelles, L’Attraction du bal (Gallimard), en 1987. Mais c’est à partir de 1992 avec ses Rendez-vous au métro Saint-Paul (éd. Le Dilettante) qu’il est remarqué comme un nouvelliste très singulier. Quelque douze recueils ont suivi.

Lire Fleischman, c’est le bonheur de découvrir, en français, des histoires qui sont pensées et vécues en yiddish. Ce sont de petits bijoux pour les amateurs de nostalgie, les amoureux d’un Paris disparu, où, du côté de l’Hôtel de ville et du métro Saint-Paul, on plaisantait en yiddish tout en enjoignant aux nouveaux arrivants de s’exprimer « en français ! avec si possible des phrases simplement magnifiques ». L’humour de Cyrille Fleischman, « dernier praticien infaillible des lumières de la vie en yiddish » (comme il le dit à propos d’un de ses personnages), est un enchantement.

Son père, Heymann Fleischman, devenu Armand Fleischman, né à Paris, dans le Marais, en 1886, était le fondateur d’un oratoire rue des Ecouffes. Dans cette petite synagogue, le jeune Cyrille a passé une partie de son enfance et de son adolescence. Quant à sa mère, d’origine polonaise, elle avait une boutique de papier peint près du métro Saint-Paul. C’est ainsi, entre ses deux parents, que Cyrille Fleischman a amassé toute la matière de ses récits. De recueil en recueil, toujours avec le même sens de la dérision et le même art des atmosphères, il a été l’arpenteur inlassable de ce quartier de Paris et le conteur du petit peuple juif du Marais de l’entre-deux-guerres et après la deuxième guerre mondiale, avec ceux qui avaient survécu.

Josiane Savigneau, Le Monde


Cyrille Fleischman a oublié d’être triste. Ou est-ce pour oublier la tristesse qu’il écrit ? Je ne sais pas. Cyrille Fleischman a une spécialité : le pince-sans-rire.

Pas une de ces nouvelles – car il est nouvelliste – qui ne respire l’humour, aspire le croquignolet. Il écrit des histoires, ou plutôt donne vie à des personnages. Ça grouille, ça ment, ça s’engueule, ça se marie, ça se fait des coups de vache. Rapiats ou généreux, les personnages de Cyrille Fleischman vont leur petit bonhomme de chemin, sur les pavés de Paris, du côté de la Samaritaine, du BHV, du Marais. Parfois, un peu plus loin, La Bastille, mais c’est rare.

L’écrivain a publié de nombreux recueils de nouvelles au Dilettante (les succulents Rendez-vous au métro Saint-Paul, et suite), chez Fayard, au Castor Astral.
Deux nouveautés. Les Réponses d’un maître (éd. Folies d’encre) dont vous allez lire ci-dessous une des nouvelles (hop là) et Réparateur de destin (éd. Fayard, qui n’ont pas voulu nous offrir un texte… Je ne dirai pas ce que j’en pense).

À tous (sauf les bandits & cie) : rendez-vous chez Cyrille Fleischman !

Martine Laval, Télérama

  • Date de parution : 25 février 2010
  • ISBN : 9782907337687
  • 14,00 €
  • 14x19 cm
  • 80 pages