» Il marche. Il se regarde marcher… n’arrête pas de penser… pense à son orgueil avec orgueil, tourne en rond dans un jeu de miroirs qui lui renvoie toujours la même image, la sienne. Cela finit par lui donner le vertige ; mais il ne connaît d’autre chemin que celui de l’intérieur. Il ne sait pas agir, sans se regarder agir. La mise en scène de ses actes est minutieuse. Tout y est pensé, pesé à l’aune de sa propre satisfaction narcissique. Comment a-t-il pu bâtir tous ces murs autour de lui ? D’autant plus difficiles à abattre qu’ils forment désormais un nouvel épiderme. Au point que les détruire signifierait se détruire. Il lui reste la satisfaction de faire partie d’une élite, la vanité creuse de se sen-tir au-dessus… au-dessus de ceux qui ne contemplent pas leur vie, se contentant de vivre. Et si c’était l’élite des malheureux ? » En cent vignettes à l’humour féroce, voici la tragi-comédie d’un homme de notre temps aux piètres ambitions littéraires : nombrilisme, égocentrisme, sexe, consommation, rêves de réussite, peur du vieillissement et d’abandon, fin probable et pitoyable… Tout est signe de dérision dans cette farouche fable philosophique.