Deux jeunes enfants décident de partir à la recherche de leur père, en suivant la ligne de chemin de fer : « pour marcher sur un rail, tu dois maîtriser deux choses essentielles : l’équilibre et la concentration. Découle de cette maîtrise une tension permanente, et Mano avait noté, avec son bon sens habituel, qu’elle présentait l’avantage de ne pas être distrait par le paysage. » Le plus jeune des deux frères est le narrateur et voue à son aîné, Mano, une admiration sans bornes. Suivra-t-il son frère jusqu’au bout ? Empruntera-t-il un « détour » ? Recherche de quel père ? Vers quelle destination conduisent les rails ? Ce texte saisissant, ce road movie et manifeste social est surtout un roman d’apprentissage. Il s’en dégage une force d’envoûtement étrange, du réalisme magique, mais un réalisme magique dans les pas des Dickens et London, sur l’éternelle révélation douloureuse de ce que signifie naître au monde.
À propos
Le narrateur place toute sa confiance dans son grand frère, Mano, qui ne doit guère avoir plus de 12 ans. Une banlieue au Brésil. Le narrateur place toute sa confiance dans son grand frère, Mano, qui ne doit guère avoir plus de 12 ans. A son initiative, tous deux partent, dès que possible, marcher sur les rails des trains, peu nombreux mais très longs dans la région. A la longue, ils anticipent le passage d’un convoi car une subtile vibration du rail leur traverse alors la corne des pieds. L’objectif de tout ça ? Selon Mano, tous les rails finissent par s’unir en un point central. Et là se trouvera forcément leur père disparu… Or, pour marcher sur un rail, il faut maîtriser deux choses : l’équilibre et la concentration. Une leçon de vie, en somme. Car que trouve-t-on au terme de ce roman d’initiation, à la fois road-movie et manifeste social ? Que trouve-t-on à la fin de la voie ? Le doute, la révolte, l’amour. Un itinéraire possible pour devenir qui l’on est ?
Françoise Lazare, Le Monde